Lisez l’article de Daniel Côté dans le journal Le Quotidien du 4 novembre 2017:
Les artistes Guillaume Krick et Romain Rambaud rassembleront des œuvres afin de mettre en dialogue leurs intentions sculpturales. Dans leurs travaux respectifs, se développe un lien particulier aux éléments du construit, connexion directe à l’architecture, à l’urbanisme. Dans cette transformation spatiale, les outils (la technologie) et leurs fonctions constituent un rôle central de leurs réflexions.
Le lien à la construction est aussi présent dans l’élaboration des sculptures. Plusieurs d’entre elles fonctionnent sur des principes d’équilibre, de mise en tension des matériaux. Elles mettent en avant ces phases de changement d’état de la matière.
Ces tensions évoquent aussi une certaine fragilité de l’assemblage, des éléments prêts à rompre ou à se liquéfier. Un état des choses précaire dans leur tenue. Certaines sculptures sont constituées de matériaux glanés et développent des formes arrivées à un point de basculement, d’altération comme usées par le temps, elles tiennent place de reliques, de vestiges industriels, de fragments archéologiques, la ruine n’est jamais très loin. Ainsi, les travaux mis en commun par ce duo traitent de l’ambiguïté entre artefact, production humaine et un développement possible vers des formes du vivant. Plusieurs d’entre elles ont ce lien hybride de par leurs factures, leurs procédés de construction et leurs formes d’éléments organiques.
Pour Guillaume Krick, l’engin de chantier trouve beaucoup de similitudes avec l’animal. Les ingénieurs s’inspirent d’ailleurs de squelettes en tout genre pour développer des articulations mécaniques. Dans « Le poids du décor », plus de vérins, donc plus de muscles. Le grappin de chantier est décharné et révèle une forme squelettique prête à s’effondrer. Les matériaux de construction, le tasseau de pin de base et le contre-plaqué bakélisé tentent de s’anoblir dans l’esprit du design.
Chez Romain Rambaud, le geste simple et intuitif d’appliquer une pression sur un matériau mou génère l’hybridation. Dans « Coagule and co », la pression exercée par la machine (dans ce cas la voiture) sur un treillis métallique laisse une double trace, celle du pneu dans l’argile d’un côté et l’effet d’une peau reptilienne de l’autre.
Les artistes réinjectent donc du vivant là où on ne l’attend pas afin de décaler la lecture de la pièce et de l’amener dans un autre champ référentiel propre aux éléments naturels. Il s’agit pour eux de questionner les productions humaines et leur impact par rapport au monde du vivant et à ses transformations. C’est dans ce contraste, cette tension entre des éléments manufacturés et naturels qu’un écho se crée dans leurs productions. Le fait de développer des formes empruntées à ce champ du vivant, pose la question de l’usage que l’on en fait et interroge aussi le devenir de notre environnement humain et naturel.
L’exposition « Limer l’Étau» qui met en avant le franco-québécois Guillaume Krick et Romain Rambaud, né à Nantes est le fruit d’une collaboration entre le collectif Extra Muros (Nantes) et AMV (Saguenay). Ces deux organismes ont pour but de promouvoir le travail de leurs membres, notamment par des échanges internationaux. Dans les prochains mois, des membres d’AMV /Art-Mobilité-Visibilité seront reçus à leur tour pour une exposition présentée par le collectif Extra Muros.
Les artistes tiennent à remercier le Consulat général de France à Québec.
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